Dépendance au tabac , plaisir anodin ou maladie addictive …
quatre millions de morts par an, 11 000 chaque jour. Le nombre de décès devrait atteindre 8,4 millions en 2020 et 10 millions en 2030.
L’addiction tabagique est une épidémie mondiale qui fait de plus en plus de ravages. En effet, outre son influence sur la survenue de différents cancers, le tabac double le risque de mortalité par maladies cardiovasculaires.Vous vous sentez touchés ? Vous êtes décidé à en finir définitivement avec la cigarette ? Alors comment mettre toutes les chances de votre côté ? Substituts nicotiniques, Hypnose, ou médicaments, … Quelles sont les méthodes efficaces ?
Arrêter de fumer n’est pas chose facile, c’est une évidence ! C’est pourtant la seule solution pour retrouver le souffle et le coeur de vos 20 ans. Ne renoncez pas après un premier essai, la réussite intervient généralement après plusieurs tentatives.
Pour commencer, on pourrait décrire de manière caricaturale les quatre groupes de dépendance au tabac :
- Le premier groupe est celui du fumeur heureux. Pour lui, le tabagisme n’est pas un problème. Chaque cigarette lui apporte du plaisir et il est encore dans l’illusion du contrôle de sa consommation, persuadé de pouvoir s’arrêter quand il veut.
- Au bout d’une période allant de quelques mois à plusieurs années, cette personne peut passer dans le groupe des fumeurs indécis, conscients du problème, en visageant de s’arrêter dans les six prochains mois, ou du moins bientôt … enfin un jour quoi !.
- Ensuite, il y a le groupe des activistes, lorsque les fumeurs passent à l’acte et essaient réellement d’arrêter. Premiers echecs, découverte de la dépendance, dépression, prise de poids, beaucoup d’écueils jonchent leur route. Seuls 15 % d’entre eux ont réellement une chance de réussir sans aide.
- Il existe un quatrième groupe, moins connu, de résistance : l’ex-fumeur doit lutter contre lui-même pour ne pas rechuter. parfois trés courte, cette phase peut durer des années, voire toute une vie. Cette lutte est cependant facilitée au fil du temps.
On peut également décrire les trois chaînes dont vous aurez à vous affranchir : physico-chimique, psychologique et gestuelle, à surmonter l’une aprés l’autre, ou simultanément selon la méthode choisie.
* La dépendance physico-chimique est la première chaîne. Elle est essentiellement due à la nicotine contenue dans le tabac. Cette substance se fixe dans le cerveau. C’est elle qui provoque les effets euphorisants et stimulants liés à la cigarette. Comme pour toute drogue, le corps s’habitue à recevoir sa dose de nicotine et sa disparition entraîne un état de manque se traduisant par une nervosité, une irritabilité, une agitation… Parallèlement, la nicotine agit en augmentant les dépenses caloriques et en réduisant l’appétit, d’où la prise de poids classique à l’arrêt de l’intoxication.
* La dépendance psychologique est également liée à la présence de nicotine dans la cigarette, à ses effets tranquillisants et antidépresseurs dans le cerveau. La cigarette est alors utilisée comme un antidépresseur classique, Prozac® ou autre, l’arrêt entrainant la reprise des symptômes et du mal être. Au-delà de son action antidépressive, la nicotine procure également sensation de détente, de satisfaction, de stimulation intellectuelle…Comme toute drogue, la cigarette est essentiellement recherchée pour ces effets sur le bien-être ressenti.
* La dépendance gestuelle , liée aux rituels d’allumage, à tous ces petits gestes vingt, trente fois répétés dans la journée et qui, combinés à des odeurs et sensations physiques finissent par former à eux seuls un rituel rassurant, tranquilisant : chercher mon paquet dans mon sac, l’ouvrir, (odeur du tabac frais) en sortir une cigarette, chercher mon briquet, le beau zippo, celui que mon amour m’a offert à notre premier anniversaire …(odeur de l’essence) , me caler dans mon siège, allumer ma cigarette (odeur du tabac chauffé), aspirer la première bouffée en penchant la tête en arrière (parfum de la fumée au début de la cigarette), en fermant les yeux et en repensant à l’autre soir ou j’ai fait ces même gestes dans ses bras ….
Quelle aides pour vous arrêter ?
Depuis février 2007, le Champix® est à la vente sur ordonnance pour arréter de fumer. D’un coût journalier inférieur à celui d’un paquet de cigarettes, la varenicline est indiquée en posologie croissante, en cure de 12 semaines et permet de diminuer l’appétence à la nicotine du cerveau du fumeur. En effet elle calme une partie des effets de manque ressentis et limite le plaisir ressenti lors de la prise de tabac. Toutes les études ayant montré un bénéfice à l’utilisation de ce médicament demandaient un fort suivi par des tabacologues. Il n’est pas certain que le même suivi spécialisé, sans traitement chimique, n’aurait pas donné des résultats proches. Comme tout médicament, il est par ailleurs suceptible d’entraîner des effets indésirables plus ou moins graves, notamment nausées, céphalées et cauchemards (entre autres). ATTENTION ! Les dernières études semblent déconseiller, voire contre-indiquer l’usage du Champix chez les personnes aux antécédents de dépression nerveuse. Parlez-en à votre médecin.
Depuis fin 2001, le Zyban® a complété la prise en charge du sevrage tabagique. En effet, à la bonne posologie, il semble être plus efficace pour aider à l’arrêt du tabac qu’un placebo ou que les patchs nicotiniques, actuellement médicaments de référence dans le sevrage tabagique. Comme les autres antidépresseurs, le bupropion permet d’augmenter les quantités de certaines molécules naturelles au niveau du cerveau, fortement impliquées dans les phénomènes de plaisir, augmentant ainsi le bien-être ressenti. Comme tout médicament, il est suceptible d’entraîner des effets indésirables plus ou moins graves, notamment cardio-vasculaires. Parlez-en à votre médecin.
Associé aux substituts nicotiniques (patchs, gommes, bonbons à la nicotine, systèmes d’inhalation) , le pourcentage de succès est supérieur à la prise de bupropion seul : il atteint presque 60 % à 7 semaines de traitement ! Mais il est difficile de connaître les taux de rechute. Mais quels que soient les chiffres avancés dans les diverses études, la volonté reste le facteur primordial de réussite du sevrage. Tous ces traitements sont d’ailleurs présentés comme une aide, une béquille pour les gens désireux d’en finir avec le tabac.
De récentes découvertes ont permis de mieux comprendre les mécanismes de la dépendance aux drogues. Grâce à ces avancées, les traitements efficaces apparaissent à portée de main. Parmi les plus prometteurs, la mise au point d’un vaccin anti-nicotine ne relèverait plus de la science-fiction. Il s’agirait de réduire la quantité de nicotine accédant au cerveau, pour limiter aisni le plaisir ressenti et la dépendance au produit.
Dans la même lignée, des chercheurs canadiens déclarent avoir trouvé une pilule qui permettrait au fumeur d’en finir avec la cigarette. Déjà utilisé contre le psoriasis, ce produit a révélé d’autres propriétés : il ralentit l’élimination de la nicotine dans le corps humain. Elle reste ainsi plus longtemps dans le sang et retarde l’envie de fumer une nouvelle cigarette pour se procurer une nouvelle dose.
D’autres pistes permettraient de limiter les dégats causés par la cigarette, notamment au niveau des poumons par l’inhalation d’un médicament protégeant la muqueuse pulmonaire de la fumée toxique. En effet les agents toxiques de la fumée de cigarette provoquent une inflammation au niveau des bronches qui, bouffée aprés bouffée, provoqe autant de petites plaies et cicatrices à l’intérieur des poumons, laissant le fumeur sans souffle.
En étudiant les effets du cannabis sur l’appétit, des chercheurs français auraient développé une nouvelle arme antitabac. Deux molécules clés contrôlent au niveau cérébral notre consommation de nourriture : la leptine, qui réduit la sensation de faim, et les endocannabinoïdes, qui la stimulent. Une molécule baptisée rimonabant aux propriétés anti-endocannabinoides aurait « permis de diminuer la consommation de graisses et de sucres chez l’animal et chez l’homme ». Or, selon une large étude réalisée en 1991, les femmes prennent en moyenne 3,8 kg lorsqu’elles renoncent à la cigarette et les hommes 2,8 kg. Bien que cette prise de poids ne soit pas systématique, on sait qu’elle peut parfois handicaper la décision d’arrêter et favoriser les rechutes, en particulier chez les femmes. Cependant de plus vastes études doivent encore être menées.
Quel que soit le support chimique choisi, la sécurité sociale rembourse sous certaines conditions (ordonnance en règle, produit agréé, …) 50 euros par an et par personne souhaitant s’arrêter de consommer du tabac, renseignez-vous auprés de votre pharmacien.
Essentiel, un soutien psychologique vous aidera.
Votre décision est prise et vous avez même réussi à vous abstenir d’en griller une depuis quelques jours… Mais vous êtes parfois à deux doigts de craquer. Comment éviter la rechute ? Outre la volonté, quelques techniques peuvent vous aider.
Actuellement la plus en vogue car la plus étudiée, la thérapie comportementale et cognitive (TCC) semble être efficace. Schématiquement, il s’agit de déterminer avec vous les situations où vous avez envie de fumer pour élaborer au fil des séances, à partir de protocoles de soin standardisés, des stratégies anti-envie qui vous conviennent, et trouver des récompenses pour valoriser chaque réussite.
Autre soutien : l’Hypnose qui, bien que difficile à étudier car entièrement personnalisée à chaque nouveau patient, elle permet de travailler sur votre inconscient afin de valoriser votre décision, de soulager votre stress et votre manque, et de renforcer votre capacité à trouver des alternatives positives à la cigarette.
Quel que soit votre choix, et votre chemin, chaque tentative, chaque rechute est un pas de plus vers la victoire et la réussite finale.